Mont Aorai
Ca faisait un moment que je voulais le faire ce sommet. Avec la saison des pluies on avait reporté à plus tard mais ça yeah, les beaux jours sont revenus et la météo a annoncé un bon créneau pour le dimanche 21 Mai.
On a prévu de monter dormir au 2nd refuge avec Céline et Marie la nuit du samedi car ils ont annoncé un ciel bien dégagé pour toute la matinée du dimanche.
Les prévisions pour le samedi ne sont pas terribles (nuages + pluie) mais on se dit que c'est un mal pour un bien. Ca nous permet de monter à la fraîche sans trop subir la chaleur.
Rdv au restaurant le Belvédère à 11h pour débuter la rando. l'objectif est d'arriver au 2nd refuge avant le coucher de soleil.
Les premières collines sont bien dégagées mais les sommets sont déjà bien nuageux. Du point de départ on aperçoit le tracé qui serpente sur le flanc des collines. On a un bon bout à monter avant d'atteindre la forêt.
Ca fait un moment qu'on n'a pas fait de grosse rando et je pars avec un sac un peu lourd étant donné qu'on a du prendre les matelas, les duvets, les rechanges et la bouffe. Les premiers km sont douloureux et je me dis que ça va être dur.
Céline en profite pour prendre la tête de notre petit groupe et Marie ferme la marche.
La première partie du chemin est bien tracée et dégagée. Aucun risque de se perdre et les paysages sont sympas, on a rapidement une vue au dessus du restaurant et sur toute la baie de Papeete
Quelques bancs ont été installés à 5min du point de départ pour ceux qui veulent juste venir pique niquer. Un bon endroit pour venir se poser 1h ou 2 le midi, loin de la ville et du bruit.
Pour ceux qui choisissent cette option, ne vous arrêtez pas aux premiers bancs (non ombragés) mais continuez quelques minutes jusqu'à arriver sur un banc protégé du soleil par de grands arbres. La vue y est plus dégagée.
Après 2h20 de marche on décide de s'arrêter pour manger, il est 13h20 et l'estomac commence à gronder! Au détour d'un virage on trouve juste assez de place pour s'asseoir tous les 3. En regardant vers les sommets encore dégagés on distingue a peine entre les arbres le toit d'une cabane qui pourrait être le 1er refuge. Le ventre bien rempli après une pause de 40min on reprend le chemin car il nous reste un bon bout à marcher. Effectivement, moins de 30 minutes après notre reprise on arrive au 1er refuge. Il n'y a pas de table pour s'installer et on est complètement dans les nuages donc aucun regret de s'être arrêtés si près de cette première étape.
On en profite pour rapidement visiter le dortoir. Il y a de la place pour environ 12 personnes voir plus en se serrant un peu.
L'intérieur très cosy du 1er refuge
Un réservoir raccordé directement à la gouttière du toit permet de faire le plein en eau si besoin. Enfin, surtout si il a plu quelques jours avant. Lors de notre passage il y avait de l'eau mais à notre retour le lendemain, le robinet ne coulait plus qu'en goutte à goutte. Ne comptez donc pas trop sur cette réserve d'eau et prévoyez en assez pour votre rando.
Après le 1er refuge on attaque la première crête du parcours. Certains passages sont engagés mais il y a systématiquement des cordes aux endroits dangereux. Pour les craintifs, la crête est globalement large de plusieurs mètres mais le sentier dégagé est assez étroit. Pas beaucoup plus large que la largeur de deux jambes :) Les côtés droits et gauches du sentier sont généralement recouverts d'arbustes sur une largeur d'1m donc même si on glisse on peut se rattraper. Ca reste tout de même impressionnant et la vue est superbe lorsqu'il n'y a pas de nuages.
Par moment les nuages accrochés à la crête se dégagent et on aperçoit le rempart qu'il nous reste à monter. Je ne suis finalement pas mécontent de le faire par temps couvert, c'est nettement moins décourageant :). Ca nous permet aussi de monter sans subir le soleil car sur cette portion il n'y a pratiquement pas d'ombre.
On continue notre progression tranquillement, en prenant notre temps, chacun avançant à son rythme. Vers 16h on essuie une petite pluie qui ne dure pas mais qui nous rappelle qu'il serait quand même temps d'accélérer le pas car la nuit approche à grand pas. Et oui, on est sous les tropiques et en hiver (c'est à dire en juin) il fait nuit à 17h...
On a prévu d'arriver au 2nd refuge avant la nuit pour voir le coucher de soleil mais aussi pour éviter d'avoir à marcher avec les frontales. Cette seconde portion de la rando étant assez raide et les trous sur le bord du chemin nombreux, je le déconseille.
Après avoir repris une portion de crête relativement plate on arrive dans le lit d'un ruisseau qu'il faut remonter. Lors de notre passage, des cairns (petits tas de pierres) indiquaient le chemin à suivre. Par contre attention, il y a un chemin qui part sur la gauche rapidement après avoir commencé à remonter le ruisseau, il ne faut pas le suivre même si il est très bien marqué. Il abouti au bout d'1 minute sur une paroi très compliquée à monter et qui n'est pas stable. Pensant que c'était le bon chemin j'ai essayé avec mon gros sac mais c'est dangereux.
Il faut en fait remonter le ruisseau pour trouver 20m plus loin le vrai chemin à suivre sur la gauche.
A partir de là il faut compter 25-30 minutes pour arriver au refuge. Cette portion est assez raide sans pour autant être dangereuse car on peut s'aider de nombreuses cordes. La montée doit être compliquée par temps pluvieux car on passe souvent sur un terrain qui ressemble à de l'argile et qui glisse donc énormément.
Pour vous donner une idée nous avons atteint notre dernier objectif de la journée à 17h15 soit 6h de montée en comptant les pauses et en prenant notre temps.
Les nuages masquaient malheureusement partiellement la vue sur Moorea, ils ne se sont dissipés qu'une fois le soleil couché. Bon, la vue reste quand même vachement chouette.
Un des sommets de la crête au niveau du 2nd refuge
Pour ceux qui voudraient pique niquer au 2nd refuge il y a une table installée avec vue directe sur l'île soeur. Dommage que certains randonneurs laissent leurs déchets au sommet. Un trou avait été creusé en fasse de la croix blanche dans lequel tout un tas de boites de conserves ont été entreposées.
Quand on n'est pas foutu de redescendre une boite vide qu'on a monté pleine c'est que vraiment on ne vaut pas grand chose... Heureusement que certaines opérations de nettoyage permettent d'enlever tous ces déchets et de nettoyer le sentier qui était, lors de notre passage, globalement assez propre à l'exception des deux refuges.
Pour ce qui est du refuge je m'attendais après tout ce qu'on m'avait dit à un plancher en bois recouvert d'une toiture sans murs. Il s'agit en fait d'un vrai abris avec des murs et des fenêtres (partiellement cassées et rafistolées). Il est beaucoup plus grand que le premier, une vingtaine de personnes peuvent facilement y dormir.
Il y a également 3 citernes a proximité raccordées au toit et même quelques appareils pour cuisiner. Une bonbonne de gaz (qui ne semblait pas vide lors de note passage), un BBQ maison et de quoi faire bouillir de l'eau.
Si vous êtes en dèche de chaussette et de chaussure vous trouverez peut être votre bonheur dans les quelques articles abandonnés par des randonneurs. Choix des tailles limité et état de propreté laissant à désirer mais qui sait, ça pourra peut être vous servir :)
A 17h45 il fait déjà nuit et le froid commence à se faire sentir. Il faut dire qu'on est bien mouillé. On se dépêche de se sécher et de se changer. Installation rapide du campement et à 18h on passe à table!
Enfin, quand je dis à table c'est repas dans le duvet assis sur le matelas de fortune :) Notre bon plat de pâtes passe plus que bien.
J'ai trimballé avec moi mon trépied photo pensant faire des photos de nuit mais le froid a raison de ma motivation. Il est hors de question de sortir la tête dehors. Il m'aura tout de même servi à caler une fenêtre cassée qui n'arrêtait pas de claquer sous l'effet du vent.
4h55, le réveil sonne et on tente laborieusement d'émerger. On a passé une nuit exécrable à se réveiller toutes les heures et à se retourner un coup côté droit, un coup coté gauche, un coup sur le dos, un coup sur le ventre, tentant désespérément de trouver la bonne position pour dormir d'une traite.
En 15min on fini de se préparer, il fait toujours nuit mais on devine le soleil en train de se lever derrière les nuages. Nos amis nous ont dit qu'il fallait 45min pour atteindre le sommet depuis le refuge mais on préfère prendre un peu de marge au cas où.
L'accès au sommet se fait tout le long via un chemin de crête à progresser entre les fougères mouillées par la rosée du matin. On fini d'ailleurs par arriver au sommet trempé des pieds aux hanches. Heureusement que le soleil est au rendez vous pour nous réchauffer un peu et nous permettre de sécher.
Le chemin de crête est assez traitre car depuis le refuge on ne distingue pas le vrai sommet et on s'imagine donc que le point à atteindre est la crête la plus éloignée qu'on aperçoit. Arrivés au fameux point on se rend en fait compte qu'il y a encore trois sommets à atteindre...
En prenant notre temps nous mettons finalement 1h20 pour atteindre le dernier pic à 2066m d'altitude. Je pense qu'il faut vraiment bien marcher voir même courir sur certaines portions pour le faire en 45min.
Les prévisions météo sont partiellement respectées, ils avaient annoncé un beau ciel dégagé sur toute l'île mais toute la côte Est est finalement recouverte d'une épaisse couche de nuages. Par chance cette masse nuageuse est bloquée par le Mont Orohena et ses crêtes. On peut donc profiter d'un superbe panorama sur les 3 vallées entourant le mont Aorai. La vue est dégagée jusqu'à Moorea et on peut voir toute la côte de Punaauia jusqu'à Mahina
Seuls au sommet
On aperçoit même les 2 toits des refuges. le tout premier a vraiment l'air loin.
Ne cherchez pas sur la photo c'est trop petit :)
On reste une bonne heure au sommet à profiter de la vue et de la chaleur du soleil avant de se décider à faire demi-tour. On se dit qu'une tyrolienne pour atteindre le parking serait la bienvenue :)
Pour les adeptes du camping, il y a largement la place de poser sa tente au sommet qui est relativement plat et dégagé.
Si vous êtes nombreux il y a un endroit idéal entre le 2nd refuge et le sommet parfaitement plat (mais non abrité du vent). On doit facilement pouvoir y installer 10 tentes.
Nous mettons pratiquement le même temps pour rejoindre le 2nd refuge. On retrouve toutes nos affaires laissées en vrac, seuls toute la nuit on s'est un peu étalé.
On finit par se remettre en marche vers 9h45. Depuis notre position on aperçoit les premiers randonneurs qui ne vont pas tarder à arriver. Ils sont partis à 6h30 ce matin et auront donc mis 3h30 pour arriver jusqu'au 2nd refuge en marchant léger (1 camelbak sur le dos). On aura au total compté 8 personnes tentant l'ascension totale dans la journée. Peu d'entre eux auront eu la chance d'atteindre le sommet avant les nuages.
Nous sommes bien contents d'avoir dormis là haut car dépenser autant d'énergie pour au final avoir une vue bouchée ce doit être rageant.
Le retour se fait au même rythme, même si les sacs sont moins lourds, car Marie semble un peu accuser le coup. Il faut dire qu'elle s'est payée pas mal de gamelles dans la descente qui ont quelque peu freinées ses ardeurs.
On rencontre quelques personnes au 1er refuge qui sont juste venues manger un morceau, la vue est beaucoup plus dégagée que la veille.
Arrivés à la voiture vers 15h et encore toute l'aprem pour profiter !
Bien contents d'être montés au sommet, les différentes vues sont vraiment sublimes.
Le mont Aorai est une rando à absolument faire lors d'un séjour sur la Polynésie :)